Petit journal des sources et de la Joie de vivre

Divine douceur

La divine douceur est paix, profonde paix, paix miséricordieuse, apaisement…

C’est une main douce et maternelle, qui sait, qui conforte, qui répare sans heurt, qui remet dans la juste place.

C’est un regard comme celui de la mère sur l’enfant naissant. C’est une oreille attentive et discrète, que rien n’effraie, qui ne juge pas, où l’on pourra vivre même

l’invivable.

Elle est ferme comme la bonne terre sur qui tout repose. On peut s’appuyer sur elle, peser sans crainte. Elle est assez solide pour supporter la détresse, l’angoisse, l’agression. Elle est constante comme la parole du père qui ne plie pas. Ainsi est-elle le lieu sûr, où je cesse d’être à moi-même frayeur.

C’est pourquoi c’est sottise de la croire faiblesse. Elle est la force même, la vraie, celle qui fait venir au monde et fait croître

Mais la divine douceur est une douce fermeté, car pas un instant elle ne meurtrit ce qui est au cœur de l’homme, où il trouve vie.

La divine douceur sauve tout. Elle ne désespère jamais de personne. Elle croit qu’il y a toujours un chemin. Elle est inlassablement inlassable à enfanter, soigner, nourrir, réjouir et conforter.

La divine douceur est charnelle, elle est du corps

Elle ne se soucie pas d’exhorter ou d’expliquer.

Elle est dans les mains, le regard, les lèvres, l’oreille attentive,le visage,  le corps entier.

Elle est dans les gestes du corps. Elle est l’âme aimante du corps agissant.

La divine douceur est sans preuve. Elle ne se donne pas par des arguments, des explications, des justifications. Elle paraît naïve et désarmée devant le soupçon ; en fait, elle y est indifférente.

Car elle se goûte.

Pourquoi divine ? Parce qu’elle ne serait pas humaine ? C’est tout l’inverse : elle est divine d’être humaine, entièrement humaine en vérité.

La divine douceur est l’amour d’amitié. Elle est l’amour par delà l’amour, parce qu’elle ne cherche ni preuve, ni satisfaction, ni possession, ni rien de semblable.

Elle peut se faire service, et de mille façons. Mais elle est d’abord elle-même, ô douceur divine, et ce don-là précède tous les autres.

Elle est présence, elle est hospitalité, elle est parole échangée. Elle est compassion. Elle est la discrétion même.

Oh qu’elle est désirable ! Elle est le sel de la vie.

Le moment où on le sait, c’est celui de la douleur…

Maurice Bellet. (Extrait de « L’épreuve », Editions Desclée de Brouwer)

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