Cheveux

Belle, même sans cheveux !

Lorsque le thème des cheveux a été évoqué par la rédaction, je n’ai pu m’empêcher de penser à cette amie et collègue, Gaëlle. Quand je l’ai connue, elle avait une longue et magnifique chevelure noire. Quelques années plus tard, je la retrouve chauve et j’apprends par la même occasion qu’elle est atteinte d’un cancer du sein.En voyant sa tête nue, j’ai eu de l’admiration, tant pour sa beauté que pour sa démarche. Puis une question s’est imposée à moi : comment vit-on la perte de cheveux quand on est une femme, et en pleine fleur de l’âge? En tant qu’hypnothérapeute, j’ai conscience de l’importance de l’acceptationmais, concrètement,comment faire pour l’assumer?Je remercie Gaëlle d’avoir accepté de répondre à mes questions et de témoigner pour partager quelques conseils sur l’acceptation de la perte de cheveux.

Gaëlle, comment as-tu réagi quand tu as perdu tes cheveux ?

C’est arrivé trois semaines après la première chimiothérapie. J’ai paniqué ! J’ai d’abord appelé ma meilleure amie en pleurant et en tremblant. Puis, j’ai appelé mon frère pour lui demander de venir me raser la tête au plus vite. Quand il est venu quelques jours plus tard, j’ai décidé d’en faire un bon moment. C’était un moyen de reprendre le contrôle et de ne pas regarder mes cheveux tomber.Il m’a fallu un mois et demi avant de réaliser tout ce que ça représentait pour moi. Perdre ses cheveux, c’est perdre une partie de son identité. J’ai donc dû faire le deuil de ce qu’elle j’étais jusque là. C’est bizarre à vivre, mais j’ai la croyance que tout arrive pour une raison, qu’il y a des cadeaux cachés dans tous les malheurs. J’ai donc donné du sens à cette épreuve en me disant que ça avait certainement quelque chose à m’apporter dans mon chemin de vie, pour mon évolution, et que la vivre et la dépasser en vaudrait la peine.

Alors que la plupart portent une perruque ou un foulard, tu as choisi d’assumer et de garder la tête nue.Qu’est-ce qui a motivé ce choix ?

Pour moi, porter une perruque revenait à faire comme si de rien n’était. Ce n’était pas seulement cacher l’absence de cheveux, mais cacher la maladie et tout ce qu’elle fait vivre. Et cacher quelque chose d’omniprésent, ça prend beaucoup d’énergie !Au début, j’imaginais porter une perruque pour qu’on me trouve jolie et ne pas choquer les autres. J’avais peur d’attirer l’attention et que tout le monde découvre que j’étais malade. Je craignais leur réaction en me montrant telle que j’étais. Et finalement, j’ai voulu contribuer à mon échelle au fait que ça devienne plus ordinaire pour les autres en le rendant vraiment visible.Par ailleurs, je me suis dit qu’une perruque ne m’aiderait pas à accepter. Ça me paraissait être une fuite. Je me voyais l’enlever le soir et être ramenée violemment à cette nouvelle réalité.J’ai tout de même porté un bonnet dans les situations qui m’étaientinconfortables, ainsi que des turbans pendant les 2 à3 semaines où mes cheveux ont commencé à repousser.

Qu’est-ce qui a été le plus éprouvant ou difficile pour toi ?
La remise en cause de ma féminité ! Ma capacité de séduction reposait en grande partie sur mes cheveux longs. En les perdant, j’ai aussi perdu tous mes repères. J’arrive à me trouver jolie, mais pas attirante… Personnellement, je déteste qu’on me dise : « tu sais, la beauté est intérieure« . Bien que ça parte d’une bonne intention, j’entends surtout « extérieurement tu es moche, mais ce n’est pas grave« ! La surenchère de compliments est suspecte également… Je sais que l’attitude juste n’est pas simple à trouver, donc j’insiste sur l’importance de demander à la personne comment elle le vit et de quoi elle a besoin pour éviter les maladresses.

Ce qui me crée un véritable conflit intérieur, c’est surtout d’avoir fait une croix sur ma vie affective au momentoù je me sentais prête pour une relation. J’ai été comme freinée dans mon élan.Aujourd’hui, je dois donc me reconstruire. Je dois me redécouvrir une autre féminité, plus profonde et authentique, que je n’aurais sûrement pas fait l’effort de développer avec mes cheveux. C’est un peu dur à vivre mais je sais qu’au final, j’aurai gagné une confiance de grande valeur… Et en plus, mes cheveux auront repoussé ! En attendant, je compense avec des bijoux.

Qu’est-ce qui t’a aidé ou t’aide encore aujourd’hui à assumer, à te sentir femme ?

Ce qui m’a vraiment remonté le moral au tout début, c’est le rouge à lèvre ! Le rouge vif a remis de la gaietéà mon visage. Et cette gaieté est restée le soir après m’être démaquillée. En ce moment, pour l’apparence, ce sont les vêtements et les bijoux, etje fais du sport aussi.Sur le plan psychologique, je suis accompagnée par plusieurs professionnels pour gérer les différents aspects de toute cette aventure. Et pour les cheveux, je vois la psychologue de l’hôpital dont l’une des phrases m’a particulièrement aidée : « La beauté n’est pas tant intérieure que subjective« .

Que conseillerais-tu aux femmes confrontées à la perte de cheveux ? Quel message as-tu envie de leur donner ?
Vous avez le droit de détester ça. Pleurez, tapez sur vos oreillers ! Quand accepter est trop difficile, accepter de ne pas accepter est une étape intermédiaire qui permettra de passer à la suivante, et à celle d’après. Pas à pas, accueillez simplement ce qui est là. Restez dans le présent, et ce temps horriblement incompressible révélera ses bonnes surprises.

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