Le sourire peut passer très vite, comme la caresse d’un courant d’air.
Le sourire n’est pas un haut lieu comme les autres ; il n’est pas de pierre, mais de passage. C’est un pays nomade.
Le sourire est un pays étrange, pays étranger qui vient de tous les pays. Il vient se poser là, les ailes grandes ouvertes, et il a souvent trop vite fait de s’envoler.
Le sourire franchit, sans se perdre, les frontières du visage. Il enjambe le temps et se tourne vers l’Infini.
Le sourire, le vrai, l’authentique, est large comme le silence.
Lorsque le sourire regarde, et lorsqu’on le regarde, il est toujours un souffle.
Le temps d’un sourire, c’est le temps d’une porte qui s’ouvre, c’est une fenêtre qui ouvre ses bras, qui allume les étoiles et qui ouvre la lumière, comme les oiseaux ouvrent leurs ailes.
Le sourire ne sait rien de l’avenir, mais il l’invente.
Chaque sourire est toujours un moment unique. Une lumière de miel qui se pose entre ciel et terre, le temps d’un germe, le temps d’un commencement. Le visage d’en face, qui était fermé, ouvre timidement ses volets.
Le sourire risque toujours tout, sinon il ne serait plus le sourire. Il se livre.
Un sourire n’est jamais quelconque, c’est Quelqu’un.
Jean Debruyne.