Petit journal des sources et de la Joie de vivre

L’amour médecin…

Qui sommes-nous pour juger de la souffrance des autres ?

Même une personne en bonne santé et qui a, en apparence, « tout pour être heureuse » peut ressentir chaque nuit d’horribles angoisses, être envahie de désespoir le matin au point de ne pas réussir à sortir de son lit, souffrir d’un manque d’amour, de solitude ou, plus profondément encore, d’un abîme dans son âme dont elle ne voit pas le fond. Sans savoir pourquoi, ni connaître les causes profondes de son mal, elle est rongée par la souffrance et c’est une cruauté d’aller lui dire que sa vie n’est pas si dure.

La première chose que l’on peut essayer de faire est vraiment de montrer avec des mots, des gestes, que non seulement on comprend cette douleur, mais que même on la ressent aussi, au moins en partie.

Ce sentiment vient naturellement, car c’est ainsi que nous sommes faits. Même devant la souffrance d’inconnus à la télévision, même dans des films où nous savons pourtant que ce ne sont que des acteurs… notre gorge se noue, nos tripes se tordent, nous avons envie de faire quelque chose face à la douleur. Et le miracle, c’est que cette envie procure déjà un soulagement à ceux qui souffrent. Un soulagement, et même parfois une joie et un début de guérison. Oui, je n’hésite pas à parler de miracle, car cette chose est incroyable quand on y réfléchit, et pourtant elle nous est tellement familière.

Combien de fois ai-je vu mes enfants se faire mal et réellement souffrir, crier dans un torrent de pleurs ! Leur maman accourt, ou bien c’est moi-même. Nous faisons la grimace, nous poussons des « oh » et des « ah » devant ce genou écorché, l’enfant nous regarde à travers ses larmes, voit que nous souffrons pour lui… Et déjà ses cris se changent en sanglots, ses larmes se tarissent… La douleur n’est plus aussi forte, la convalescence va bientôt commencer.

Il serait bien naïf, ou plutôt pessimiste, d’imaginer que la chose ne vaut pas aussi pour les adultes. Ce n’est pas pour rien que, dès qu’il nous arrive malheur, nous appelons les personnes que nous aimons. Inconsciemment, nous savons que raconter notre malheur permet de partager notre douleur, au sens propre du mot « partager ». Nous « donnons » un petit peu de douleur à chaque personne autour de nous, si bien que la nôtre s’atténue et devient plus supportable.

Grâce aux autres, le soulagement peut aller très loin : les personnes qui ont connu de grandes épreuves et qui ont eu la chance d’avoir pu en faire un livre, un documentaire ou un film à succès, faisant ainsi connaître au monde entier leur souffrance, peuvent déclencher tant de compassion qu’elles-mêmes finissent par se « réjouir », d’une certaine façon, du malheur qui les a affligées mais qui leur a apporté tant de chaleur humaine.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page