Des gestes habités…
Faire d’actions inhabitées, des gestes qui prennent racine dans la pensée, voilà la joie des journées toutes simples.
Tu crois déchoir à ces besognes ? Rien n’est subalterne, c’est ton regard qui est
petit.
Là où tu mets de l’ordre, tu avances ; chaque fois que tu te donnes à fond en quoi que ce soit, tu es au mieux de toi-même, et l’habitude de te situer là te grandit.
Aies goût à ces menus travaux qui n’ont l’air de rien, qui te mesurent à un quotidien simple. Si tu sonnes faux, ces « bien-faire » là te resituent. Reprends le plain-pied du ton juste, réaccorde ton instrument à chanter ta fête de vivre en harmonie.
Fourmi inlassable que nulle fatigue ne rebute, la ménagère active poursuit aveuglément son désir de parfaire ; elle s’entête à ses choix successifs de beau, de bien, de bon. Elle observe la tâche qu’elle se donne avec un entêtement dont on rit et dont on profite.
Poète hors du temps, démarqué permanent, tu n’as pas les pieds sur terre, tu es un être de vertige qui écoute et qui entend. Vu de plus haut, tout est si différent.
Mais on peut être l’un et l’autre à la fois, celui qui ressent et qui voit, et celle qui repasse et qui cuit, et compte, et nettoie et fleurit la maison.
Claude Morenas