Crises… et progrès possibles
Ainsi parle Edgar Morin dans son livre « Mon chemin ». Il dit aussi : « Sans imperfection, le monde serait un néant ». Sans vie. Sans progrès possible…
Les moments de la vie sont séparés par le temps, les humains entre eux sont séparés par de l’espace. Un univers où il n’y a ni temps, ni espace, et donc pas de séparation, cela n’existe pas, ou plutôt si : c’est le plein, l’absolu, le néant ! Pour exister, le monde a besoin d’une séparation.
Si la perfection c’est le plein, l’absolu, la séparation apporte une première indispensable imperfection : l’existence. La vie, c’est de l’imprévu, du chaos, de l’imperfection…
Notre univers est un lieu de conflit entre des forces d’organisation d’une part (qui créent les noyaux, les atomes, les planètes, les astres), et des forces de destruction, qui désintègrent tout et poussent l’univers vers la mort. Une question se pose, celle de savoir si notre monde, malgré toutes ses imperfections, est malgré tout le meilleur des mondes possibles, ou si c’est vraiment le pire des mondes, où le mal, la souffrance, la ruine et la mort sont finalement le soit commun de tous les êtres, y compris les soleils et le cosmos entier.
Un adage antique dit : « Ce qui se régénère ne dégénère pas ». Nos cellules meurent et sont remplacées en permanence par des cellules jeunes, si cela ne se fait pas, nous mourons. Rien n’est acquis, tout doit se régénérer en permanence. C’est vrai d’une démocratie, elle doit se régénérer elle aussi.
Toute crise est porteuse à la fois de risques de régression, de désintégration, et de chances de trouver une solution nouvelle. Quand un système est en crise profonde et se désintègre, il lui faut absolument trouver un méta-système qui solutionne ses problèmes vitaux. Face à la probabilité d’une catastrophe, parier sur l’improbabilité d’une solution ! L’improbabilité a souvent joué un rôle salvateur dans l’histoire. Changer de voie, cela ne se décrète pas, il faut que la crise s’approfondisse pour que nous comprenions qu’il nous faut changer de voie. Ce n’est pas évident à admettre, mais c’est quand même une chance.
Edgar Morin « Mon chemin » – Ed Fayard.