C’est la fuite perpétuelle des eaux qui perpétue les chutes et les cascades. Celles-ci créent une stabilité continuelle ; elles constituent une forme permanente au moyen d’un écoulement continuel d’énergie.
Ainsi en est-il de notre être et de toute forme vivante. Nous sommes les chutes et les cascades… Il y a en nous un flot d’énergies toujours en mouvement, et ce mouvement constant forme notre être ; la structure reste stable alors qu’elle perd continuellement des cellules, des molécules ; le mental se maintient à travers un flot incessant de pensées, d’images et de paroles qui coulent, se déversent, dégringolent…
Tout corps est passoire ; toute forme est passage. Ce qui perdure en nous c’est un certain noyau – la Source – qui vit malgré ses pertes, et peut-être même à cause d’elles. Le « JE » prend valeur d’éternité à travers une chute constante de petits « je » illusoires.
D’après Placide Gabory.
