De l’intérêt d’avoir toujours raison.
Vouloir gagner dans une discussion avec quelqu’un est bien naturel. Qui, en effet, aime avoir tort ? Mais quand on veut toujours avoir raison, on empoisonne tout simplement la vie de son entourage.
Si l’envie d’avoir raison est naturelle, le besoin d’avoir toujours raison dénote une faiblesse de la personnalité qu’on tente de combler par une fermeté du caractère. Elle se trouve plutôt chez les personnes peu sûres d’elles-mêmes au fond, qui ont développé, pour que personne ne remarque leur manque de confiance, des habitudes autoritaires et dominatrices. Sans s’en rendre compte, la personne se dit : « Je dois toujours avoir raison pour prouver aux autres que je suis quelqu’un de bien et que j’ai une grande confiance en moi ». Evidemment, cela ne trompe personne, et en tous cas pas très longtemps. Pendant ce temps-là, on devient un vrai fléau pour la communication ou le travail d’équipe, car il n’y a pas de place pour l’autre.
Quand celui qui veut toujours avoir raison dirige, c’est encore plus ennuyeux. Car il va épuiser les forces et le moral de ses collaborateurs. Certains leaders ressemblent ainsi davantage à des « évaporateurs d’énergie » qu’à des « condensateurs d’énergie ». Quelle est la différence ? Le condensateur d’énergie fait appel aux idées des autres, tient compte de leur expérience et de leurs remarques et donc accède à des capacités de créations plus puissantes grâce à une stimulation de la motivation collective. Dans l’autre cas, la communication devient rapidement stérile, puisque l’un des partis ne peut pas entendre un point de vue différent du sien.
En fait, au delà de son aspect stérilisant et psychologiquement immature, cette attitude de domination d’autrui à tout prix a deux conséquences graves :
– En mettant un point d’honneur à toujours avoir raison, on privilégie la victoire sur autrui plutôt que la recherche de solutions ou d’idées.
– A ce jeu-là, on finit souvent solitaire et aigri. Solitaire, parce que au fond on a passé sa vie à prouver aux autres qu’on n’avait pas besoin d’eux, si ce n’est pour qu’ils nous admirent ; et aigri, parce qu’on a éliminé de sa vie un élément important qui permet d’évoluer : l’occasion de voir que l’autre existe avec son point de vue, que notre avis peut être incomplet voire erroné, et que les apports venus de l’extérieur permettent de se remettre en cause, donc de s’enrichir.
Meryem Le Saget,
Directeur de l’Institut de l’Expansion et formateur en management du futur.