Ivresse et libertés
Chacun est libre de vivre des états où l’ivresse s’inscrit dans un courant d’émotions, de sensations, de vibrations pouvant aller de l’euphorie à la folie.
Nos sens nous y invitent :
C’est la vue de l’immensité d’un désert, sa solitude.
C’est la musique dont les sonorités nous charment, nous mobilisent avant l’action, nous intériorisent et nous font prier.
Ce sont les senteurs, les parfums, le goût des épices…
Instant d’ivresse pour l’enfant qui, après un effort d’attention, retrouve l’air, le rire, la cour de récréation ; et aussi pour celui qui, parvenu au sommet, après une escalade difficile, voit le monde lui appartenir. Est-ce l’audace ?
Ivresse aussi dans le plaisir du jeu ; mais si le jeu perd son sens de détente, il peut devenir asservissement ou ruine.
La vitesse est une sorte d’envol. Son ivresse est alors un défi entre l’espace et le temps.
Ivresse sans doute la passion qui envahit ceux dont le talent est devenu un art : musique, danse, poésie, peinture…
La colère peut aller jusqu’à une ivresse de violence. C’est vrai, il est de saintes colères, mais ne nous prenons pas pour Moïse !
La tendresse devient ivresse qui inonde le cœur de la mère berçant son enfant, ou de façon plus sensorielle quand elle le nourrit de son lait.
Ivre de joie, ce cœur de père accueillant le fils prodigue ; joie au-delà du pardon.
Le merveilleux Amour donne, reçoit et se donne jusqu’à l’ivresse. Mystique est l’ivresse qui fait s’élever en extase certains saints comme Thérèse d’Avila dans une communion amoureuse avec Dieu.
Le mot ivresse est souvent mal interprété, interprété comme un mal… Les conventions et les convenances en masquent l’ardeur, les saveurs, la beauté.
Laissons l’ivresse nous envahir : elle n’est pas un fruit défendu. Mais il faut savoir en choisir le parfum.
Souhaitons à chacun l’ivresse d’un bonheur qui fait chanter et remercier !
Thérèse Normand. Décembre 2010.