Un tissu qui s’élabore. Suivre le fil…
Notre vie est comme un tissu qui s’élabore, un tissu dont on ne sait ce qu’il sera, mais qui, autour de nous, peu à peu, se tisse jour après jour.
Dans ce tissu je peux être un fil, une petite pelote de matière première, un trait de couleur… Bleu profond ? Rouge éclatant ? Ou bien le fil de lin gris ? Cette troisième couleur, au dire des tisserands, est la plus importante. Le gris neutre de tous les jours, celui qui fait chanter le bleu profond et le route écarlate, celui qui est porteur d’harmonie.
N’avoir que ma propre couleur, et de cela me réjouir pour qu’elle apporte la joie et non la rivalité… Comme si moi bleu, j’étais l’ennemi du vert, son adversaire…
Il y a une place pour tous. Et chaque fil vient apporter une continuité : non seulement ceux qui sont à l’origine du travail et qui ont été tendus d’un support à l’autre du métier, mais encore chaque fil entrelacé.
Un fil vient à se rompre : aussitôt le travail s’arrête, et les mains patientes de tous les tisserands s’appliquent à le renouer…
Chaque fil, même le plus lumineux, peut disparaître, tissé sous les autres. Il est cependant là, non loin, même si notre œil ne le perçoit plus.
Maintenant c’est au tour du mien d’être lancé à travers la chaîne. Quand son trait aura cessé d’être visible, alors toute l’harmonie apparaîtra, harmonie de ma nuance mêlée à toutes les autres qui l’accompagnent jusqu’à ce qu’elle disparaisse.
De jour en jour, le tissu est tissé…
Chaque fil, unique, solide, participe à sa beauté.
D après un tisserand de Finlande.