Le yin, le yang, les deux versants de la montagne
Le yin et le yang sont comme les deux pôles d’un aimant, les deux aspects d’une même situation, complémentaires et indissociables, l’un ne pouvant exister sans l’autre.
Ni genres sexuels (homme/femme), ni catégories morales, le yin et le yang sont les emblèmes du changement perpétuellement à l’œuvre dans le monde vivant. Ce sont des vecteurs qui renseignent sur l’évolution en cours. Conçus pour aider à se repérer dans le changement continuel, c’est un résumé de la dialectique chinoise : « Une fois yin, une fois yang, c’est ainsi que tout fonctionne ».
Au cours de ces changements en alternance, envisagés comme rythme fondamental, le yin et le yang sont comme la clé de sol pour en appréhender la mélodie. Les caractères chinois qui les représentent sont formés de la combinaison du signe du soleil et de celui de la pluie, le passage continuel de la pluie au soleil et du soleil à la pluie.
Dialectiques par essence, yin et yang sont doubles par nature : ils sont à la fois la description d’un processus à l’œuvre et aussi la proposition de la stratégie la plus ajustée au moment. « Le temps se lève » dit yang qui, familier des mouvements centrifuges, conclut : « Si nous allions faire une promenade dehors ». « Voilà que ça se couvre », énonce yin qui, fidèle aux mouvements centripètes, propose de rentrer se mettre à l’abri.
Déterminer la tendance dominante de la situation dans laquelle on se trouve permet de ne pas être à contre-courant, de ne pas agir à contre-temps.
Puisque tout est mouvement, rien ne peut être yin ou yang par essence. Il faut penser le yin et le yang avec des verbes plutôt qu’avec des noms ou des adjectifs. Par exemple, sera dit yin tout ce qui assouplit, stabilise, mène à terme, défend, s’étend dans le temps, restaure les forces et intériorise ; alors que sera rangé sous le nom de yang tout ce qui raffermit, amène à changer, déclenche, se concentre dans l’espace, dépense ses forces et extériorise.
Il s’agit de deux modes d’action, de deux types de stratégie dont l’efficacité n’existe pas en soi mais en fonction de l’ensemble de la situation.
D’après Cyrille J.D. Javary – Extrait du Monde des Religions, n° 7, Vingt clés pour comprendre les sagesses chinoises.